13/10/2008

La cité dans les ténèbres

L'ombre du château écrase les baraques de Cayangugglio, plongeant la cité dans une presque nuit perpétuelle. Les pauvres habitations n'ont pas de murs. Quelques poutres dressées vers le ciel, parfois de guingois, supportent des tôles récupérées on ne sait où. Draps et couvertures mités tentent de cacher leurs occupants des regards trop curieux. Au matin les tentures s'écartent et chaque maison se transforme en échoppe, éclairée par d'énormes bougies informes.

Ici l'on vend fruits et légumes, là, du bois séché ou des fleurs ramassées à l'extérieur du château. Plus loin des objets manufacturés, vaisselle, outils, vêtements, petits meubles. Parfois des armes, mais c'est rare. L'immense forteresse aux murs blancs presque transparents est là pour protéger les habitants de Cayangugglio.

Au-dessus du village, écrasante, se dresse la forteresse, presque irréelle tant la lumière qui se réfléchit sur ses murs, épais de plusieurs dizaines de mètres, est violente. Personne ne sait qui l'a construit en cet endroit, quel peuple bâtisseur érigea cette construction destinée à défier l'éternité.

Le plus curieux est d'observer, depuis les étages, la cité en contrebas, toujours noyée d'obscurité. Comme si ceux d'en bas n'avaient aucunement droit à la lumière venue du ciel.

La forteresse en elle-même est étrange. Non seulement elle s'étend en surface sur des centaines d'hectares, mais elle s'élève très haut dans le ciel. Comme si plusieurs constructions avaient été superposées. Comme si chaque génération de bâtisseurs avait voulu élever sa propre œuvre par-dessus la précédente.

De fins escaliers de pierre grimpent ainsi jusqu'à des hauteurs vertigineuses. On dit qu'il faut parfois la journée pour atteindre le sommet de certaines tours qui semblent faites de dentelle de cristal, tant leurs parois sont ajourées et paraissent légères.

____________________________________________________________________

Aucun commentaire: